Virgile, Enéide, III, 279 sq
Ante urbem in luco falsi
Simoentis ad undam
libabat cineri Andromache manisque uocabat
Hectoreum ad tumulum, uiridi quem caespite inanem
et gemitas, causam lacrimis sacrauerat aras.
(...devant la ville, dans un bois sacré, près de
l'onde d'un faux Simoïs , Andromaque versait une libation à la cendre, et
appelait les Mânes près du tombeau d'Hector, vide, hélas ! qu’elle avait saintement
paré de gazon vert, avec deux autels où retrouver ses larmes.)
Heu ! quis te casus deiectam coniuge tanto
excipit, aut quae digna satis fortuna reuisit,
Hectoris Andromache ? Pyrrhin conubia seruas ?
(Hélas, d'un tel époux tombée, quel destin t’est-il échu
? ou quelle assez digne fortune est revenue te visiter, Andromaque, femme
d'Hector ? Demeures-tu l'épouse de Pyrrhus ?)
me famulo famulamque Heleno transmisit habendam.
(...il m'a passée, moi la servante qu’il possédait, à
son serviteur Hélénus.)
Ovide, Métamorphoses,
I
Os homini sublime dedit, caelumque tueri
Iussit et rectos ad sidera tollere uultus
(Il a donné à l’homme un visage supérieur, et lui a ordonné
de contempler le ciel, de lever les yeux et de les porter vers les astres...)
Lucrèce, De
Natura rerum, I
Humana ante oculos foede cum uita iaceret
in terris oppressa graui sub religione,
quae caput a caeli regionibus ostendebat,
horribili super aspectu mortalibus instans,
primum Graius homo mortalis tollere contra
est oculos ausus primusque obsistere contra;
Quand la vie humaine gisait misérablement, écrasée
sous le poids de la religion, qui montrait sa tête du haut des régions
célestes, menaçant les mortels de son apparence terrifiante, le premier, un
homme, un grec, osa lever ses yeux de mortel et, le premier, résister en face.
Baudelaire, "Le Cygne", extraits
Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve,
Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
L'immense majesté de vos douleurs de veuve,
Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
L'immense majesté de vos douleurs de veuve,
Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
[…]
Andromaque, des bras d'un grand époux tombée,
Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d'un tombeau vide en extase courbée
Veuve d'Hector, hélas ! et femme d'Hélénus !
Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d'un tombeau vide en extase courbée
Veuve d'Hector, hélas ! et femme d'Hélénus !
[…]
Je
vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,
Vers le ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide,
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tête avide
Comme s'il adressait des reproches à Dieu !
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tête avide
Comme s'il adressait des reproches à Dieu !
par Andromaque et par Hélénos
Adieux d'Hector et d'Andromaque