mercredi 31 décembre 2014

Femmes et mères à Rome - Histoire d'un matricide




Agrippine la Jeune (Agrippina Minor)

                                                                   
                                                                        Agrippine

   Tout d'abord il faut savoir qu'elle est la mère de Néron et qu'ils descendent d'une famille dont beaucoup sont cousins germains, ce qui peut expliquer le comportement énigmatique et affreux de Néron et de sa mère.

Agrippine la Jeune était :
·     la première fille et cinquième enfant (née en 15 ap JC) de Germanicus et d’Agrippine l'Aînée (Agrippina Major);
·     l’arrière-petite-fille de l’empereur Auguste par sa mère et de l’impératrice Livie par son père ;
·        l’arrière-petite-fille de Marc Antoine ;
·        la sœur de l’empereur Caligula ;
·        la petite-nièce de l’empereur Tibère ;
·        la nièce et la quatrième (et dernière) femme de l’empereur Claude;
·        la mère de l’empereur Néron;
·     Germanicus, le père d’Agrippine la Jeune, a été adopté (sans bienveillance) et sur ordre d’Auguste par Tibère en 4 avant JC.


                                          
                                              Caligula

     Elle vouait un amour sans égal à son fils et était prête à commettre les pires horreurs pour que son fils puisse devenir empereur.
      Elle donna naissance à Néron lors de son premier mariage, avec Domitius. Elle épousa ensuite en troisième noces son oncle, l'empereur romain Claude, en 49.


                                             
                                                        Claude

      Elle entreprit alors de tout faire pour que le nom de son fils soit gravé dans l'Histoire.
    Après avoir répandu de fausses rumeurs contre Silanus, qui devait épouser Octavie, la fille de l'empereur Claude, elle s'arrangea pour que celle-ci se fiance à Néron.
      En homme triste et amoureux, Silanus se suicida le jour de leur mariage.
     Puis, Agrippine convainquit Claude d'adopter officiellement Néron, le mettant en position de lui succéder sur le trône impérial avant même son propre fils Britannicus.
    Claude mourut en 54, empoisonné par des champignons vénéneux. Agrippine évidemment fut en tête de la liste des suspects.
    Après la mort de Claude, les souhaits d'Agrippine s'exaucèrent et Néron devint empereur.
   En 59, Néron, trouvant sa mère trop autoritaire et nuisible à son pouvoir exclusif ordonna sa mort. On raconte que les soldats percèrent le bateau sur lequel elle se trouvait mais plus forte que jamais elle réussit à nager jusqu'au rivage.
    N'étant pas au courant du complot meurtrier commandé par son fils, elle alla lui raconter ses périples et dès qu'il vit sa mère revenir trempée il ordonna à ses soldats de la tuer.
   Elle comprit alors que son fils souhaitait sa mort et demanda aux soldats de la frapper au ventre (ventrem feri), là où la vie de son très cher fils avait commencé.


                                                                            
                                                                            
                                                           Néron

                 Fadila Djellal, 2nde1

jeudi 18 décembre 2014

Décembre

            Décembre





Décembre  (december, ou decembris mensis) est, à Rome, le 10e mois de l’année, qui, avant la réforme de Jules César, commençait en mars, au printemps (primum tempus) : decem signifie dix en latin.
Ce mois est marqué par de nombreuses fêtes, comme à notre époque.
Les 3 et 4 décembre, les femmes célébraient la fête de la Bona Dea, ou fête de la bonne déesse, en l’honneur de la déesse de la fertilité, souvent assimilée à la fille du dieu Faunus, un dieu satyre (dont le nom a donné en français le mot « faune ») qui était censé apporter la fertilité aux femmes stériles. 
    Cette fête était réservée aux femmes, c’est pourquoi on la qualifie aussi de « mystères »; Cicéron raconte comment son adversaire Clodius s’est discrédité en se déguisant en femme et en se mêlant aux cortèges féminins composés de Vestales dans le sanctuaire de la Bona Dea, le 4 décembre 62 av JC.
Le 5 décembre, dans les campagnes, on célébrait justement la fête du dieu Faunus : c’était un dieu, petit-fils de Saturne, qui a été assimilé au dieu Pan. Il s’agissait d’un dieu pastoral qui rendait des oracles : on disait que ces prédictions étaient formulées d’une voix terrifiante qui semblait émaner des bosquets d’arbres et se répercuter à l’infini. C’est pourquoi il semblait se démultiplier, d’où la croyance en une pluralité de faunes qui furent assimilés aux satyres grecs.

                                        Le faune dansant
                                           Jardin du Luxembourg

Mais c’est surtout la fête des Saturnales, célébrée du 17 au 19 décembre, qui a marqué les esprits. Elle était organisée en l’honneur du dieu Saturne, un très ancien dieu italique très tôt assimilé au dieu grec Cronos (en grec ancien Κρόνος), le père de Zeus-Jupiter. Son temple se trouvait au pied du Capitole et renfermait le Trésor (aerarium) du peuple romain, les archives des décrets du Sénat et les Tables de la Loi.



        Cette fête rappelait que Saturne était le dieu qui, lorsqu’il régnait sur le Latium, avait instauré l’Âge d’or : pendant cette période mythique originelle, les hommes ne connaissaient ni la guerre, ni les maladies, ni les conflits. La propriété privée n’existait pas, la terre (tellus) donnait à tous ses fruits à profusion, il n’y avait donc pas lieu de la cultiver : les hommes ne travaillaient pas, vivaient dans une égalité et une harmonie parfaites, très longtemps (plus de 100 ans) et mouraient en s’endormant paisiblement.


                                                   "L'Âge d'or" par Cranach 

Pour commémorer cette époque idyllique, on institua à Rome les Saturnales : pour rappeler l’égalité et l’harmonie de la société idéale de l’Âge d’or, les hiérarchies furent abolies le temps de la fête, on permit aux esclaves de manger à la table des maîtres, tout le monde (esclaves comme citoyens) mettait ses habits de fête et portait le pileus ou bonnet d’affranchi (il s’agissait du bonnet phrygien), tout travail cessait, les esclaves pouvaient même se faire servir par les maîtres. Chaque famille (familia, càd le père, la mère, les enfants et les esclaves) élisait un roi de la fête qui devait présider les festivités, et qui pouvait commander à tous. 
    C’était la seule période où les jeux de hasard (dés, etc) étaient autorisés en public. On s’offrait des cadeaux, càd souvent de la nourriture (des gâteaux) ou des petites lampes à huile, destinées à fêter le retour de la lumière au moment du solstice d’hiver.



           Sénèque évoque cette tradition des Saturnales dans la lettre 47 des Lettres à Lucilius, où il affirme l’humanité des esclaves et appelle à les traiter comme des amis : « Une fête même fut par eux (nos ancêtres) instituée, dans laquelle les esclaves avaient le droit de manger avec leur maître, et d'exercer des charges, de rendre la justice dans l'intérieur de la maison, qui présentait alors l'image d'une petite république. »


                                        
 Cette fête très ancienne s’est perpétuée au Moyen-Âge à travers la tradition de la galette des rois, mais aussi de Noël (l’échange des cadeaux), et surtout de la Fête des Fous qui précède le Carnaval : lors de cette fête, les conditions sociales étaient inversées, les statuts hiérarchiques aussi, si bien que le peuple prenait le pouvoir sur les puissants, et que, dans les églises, on élisait un « Pape des Fous » que l’on revêtait des habits sacerdotaux, pour rire. On chantait des chansons paillardes, on se moquait de l’Eglise et des prélats véritables (on les tirait du lit, et on les promenait tout nus dans les rues où on les arrosait d’eau), on jouait aux jeux de hasard. 
     Victor Hugo décrit bien cette élection dans son roman Notre-Dame de Paris, où l’on élit le plus laid, la plus « merveilleuse grimace » : c’est ainsi que Quasimodo est élu à l’unanimité.

                             L'élection de Quasimodo


     
La fête des Fous et le Carnaval furent interdits au XVIIe siècle, sous la pression de l’Eglise qui supportait mal la licence et les débordements qui les caractérisaient. Mais ce que n’avaient pas compris les censeurs, c’est que cette fête, limitée dans le temps, servait de soupape de sûreté à une société extrêmement inégalitaire et rigidement hiérarchisée. Un siècle à peine après l’interdiction de ces fêtes, la Révolution Française faisait exploser la marmite, et faisait de la France entière, pour plusieurs années, une grande République



     Une fête spéciale du solstice d'hiver fut célébrée quant à elle à partir du IIIe siècle après JC : il s'agit de la fête du Sol invictus, le Soleil invaincu, lié au culte de Mithra. Elle avait lieu le 25 décembre qui était qualifié Dies natalis Solis (Jour de naissance du soleil), et donnera, à l'époque chrétienne, la fête de Noël (dont le nom est une déformation de natalem (Acc de "natalis"), comme "Natale" en italien), toujours célébrée de nos jours.



                                                                          Mithra